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Rousson & Chamoux

De « Vulin & Rousson » à « Rousson & Chamoux »

1. 1880 - 1897
C’est en 1880 que Sébastien Rousson, Maître de Forges à Saint-Etienne, s’installe à Feurs, comme constructeur-mécanicien. Il fonde une petite entreprise orientée vers la construction mécanique. Aucun renseignement précis n’est rapporté sur ces 5 premières années, jusqu’en 1885, date à laquelle, il s’associe à M. Claude Vulin, également mécanicien et dirigeant d’une entreprise de battage.
La société « Vulin & Rousson », est créée pour faire « le commerce de constructeur mécanicien ». Le siège social est fixé à Feurs, à côté de la gare, Route de Lyon. Sébastien Rousson gère les livres de commerce, la comptabilité et la caisse alors que Claude Vulin l’aide dans l’achat-vente. Le fonds social est fixé à la somme 27 600 francs.
L’entreprise produit du matériel important : locomobiles (tracteurs à vapeur) pour les battages, moulins à eau, machines à vapeur… Elle réalise même le pont métallique suspendu sur le Lignon entre Poncins et Saint-Etienne-le-Molard.
En 1891, M. Vulin décide de se retirer et Sébastien Rousson travaille seul dans les ateliers.

Portait de famille avec Sébastien Rousson assis et Louis Chamoux debout

Pont sur le Lignon à Poncins construit par l’entreprise

2. 1897-1915
En 1897, avec son fils Marius Rousson et son gendre Louis Chamoux, Sébastien Rousson crée la Société « S. Rousson Ainé Fils et Gendre ». Le siège social est fixé à Feurs, dans les bureaux de M. Rousson ainé, Route de Lyon. D’ailleurs, de l’autre côté de la route, en face du portail de l’usine, se trouve sa maison. Le capital financier est fixé à 105 000 francs, constitué de façon suivante : Rousson apporte 85 000 francs (30 000 en espèces et 55 000 francs représentant la valeur de toutes les marchandises, outils, instruments et machines de son atelier) alors que Marius et Louis Chamoux apportent chacun 10 000 francs.
Peu après, ils déposent la marque de fabrique R.F.G. qui s’applique uniquement aux moyeux et autres accessoires fabriqués pour les bicyclettes, motocyclettes et automobiles. Vers 1900, la fabrication de moyeux de cycles et de voiturettes automobiles devient la spécialité de la maison.
En même temps, Sébastien Rousson commence aussi l’achat de terrains Rue Parmentier, où s’effectue le transfert définitif de l’usine en 1902, située au n°2 jusqu’à sa fermeture. En vue d’une extension éventuelle des bâtiments, la société acquiert en 1907 un terrain clos de murs à Feurs.
La décision de se lancer dans la construction de châssis automobiles est prise vers 1901 et les premiers châssis sortent d’usine en 1903. Il semble que les premières voitures Rousson en 1903 ont des moteurs monocylindriques horizontaux Chapuis-Dornier ou Buchet. Le client peut faire habiller à son goût le châssis chez un carrossier de son choix. Rousson peut également livrer sur demande des voitures complétement terminées, la carrosserie étant réalisée dans des ateliers à Digoin (Saône-et-Loire).
La gamme des voitures Rousson comprend au début 7 types de base, d’une puissance allant de 8 à 14/16 CV. En 1905, les prix des châssis s’étalent de 4 800 à 7 400 francs et ceux de la voiture double phaéton de 6 000 à 8 600 francs. On distingue comme éléments : l’allumage, un carburateur Zénith ou Claudel, un embrayage progressif, une transmission par chaînes, des freins intérieurs, des pneumatiques Michelin… Les boîtes de vitesse sont à 3 ou 4 rapports.
A partir de 1906, toutes les automobiles Rousson sont livrées entièrement terminées. Des outils (marteau, pince…), une pompe pneumatique avec manomètre, ainsi que le nécessaire de réparation Michelin sont aussi offerts à l’acheteur.
Le réel succès de Rousson & Chamoux dans les années 1910 est dû à 4 caractéristiques précises de leurs voitures automobiles autoproclamées : « simples », « légères », « robustes » et « silencieuses ». Les véhicules sont autant privés que publics : camions, voitures, omnibus…
En parallèle, la fabrication des pièces de cycles se développe de plus en plus. A la fabrication des moyeux, s’ajoute celle des pédales, des manivelles et roues dentées, des jeux de direction et de pédaliers.

Voiture Rousson en 1907

3. Après 1916
Les co-fondateurs de la Société « S. Rousson Ainé, Fils et Gendre » prennent la décision de dissoudre cette dernière début 1916. Sébastien Rousson reçoit la totalité de la propriété où il vit et une rente. En effet, devenu septuagénaire il préfère se retirer des affaires. Sa succession est divisée entre Marius Rousson et Louis Chamoux, mais ce dernier décède prématurément en 1917, laissant sa part des actifs à son fils Jean.
Cependant, la construction automobile n’a jamais été l’activité principale de l’usine et on estime que les derniers châssis restants sont carrossés en 1920. En bilan, on dénombre environ 130 voitures Rousson sorties d’usine entre 1906 et 1920 (soit environ 1 par mois).
A partir 1920, le capital social passe de 200 000 à 1 million de francs et des dispositions fixent les conditions de succession en cas de décès des associés. En 1925, l’entreprise commence une prospection des marchés étrangers : Pays-Bas, Afrique du Nord et Indochine.

Seul exemplaire encore complet d’une voiture de la marque Rousson construite en 1907

De l’oscar de l’exportation en 1961 à la fin des années 1980

En 1961, Messieurs Rousson et Chamoux se voient remettre l’Oscar de l’exportation en raison d’un excellent chiffre d’affaires, dépassant les 40%, en direction d’une cinquantaine de pays répartis sur les 5 continents. C’est à l’époque une véritable performance en raison de l’arrivée sur le marché de la concurrence asiatique (Japon et Chine).
A la même époque et dans un but de diversification, un retour à la mécanique se produit en particulier dans le domaine de la fabrication des pignons de transmission par chaîne. Le développement du « deux-roues » motorisé intervenu après la Seconde Guerre mondiale a également apporté un nouveau débouché à la Société Rousson & Chamoux, essentiellement dans le domaine de la pièce de rechange.
Sur le plan social, un problème d’habitat ouvrier proche de l’usine a entraîné, dès 1920, l’achat d’un terrain de 3 hectares et la construction de maisons de 4 logements de 4 pièces. Cet effort est poursuivi et la dernière maison est terminée en 1971. Des jardins d’une superficie convenable permettent la détente nécessaire aux ouvriers après leur journée de travail. Ces maisons forment une cité ouvrière nommée communément « Cité Rousson ».
En 1973, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires (hors TVA) de 10 500 000francs. Vers 1975, elle est devenue Société Anonyme au capital de 1 800 000 francs et est dirigée par André Chamoux, Jacques Rousson (petit-fils de Marius) et Louis Chamoux (fils de Jean). L’usine possède une surface couverte de 15 000 m² sur un terrain de 3 hectares et elle emploie 130 personnes. Enfin, en 1976, le rachat de la fabrication des moyeux Maxi-Car pour le cyclotourisme permet à l’entreprise de prendre une place dans ce domaine. Elle s’est aussi, entre temps, spécialisée dans les pièces détachées pour fauteuils roulants.
A la fin du siècle dernier, Rousson et Chamoux S.A exporte 30% environ de sa production vers la Scandinavie, l’Afrique francophone, l’Amérique du Sud et l’Europe. Malgré 5 concurrents dans le monde entier, l’entreprise forézienne fête son centenaire en 1980.

Diplôme de l’Oscar de l’exportation

Locaux de l’entreprise dans les années 1970

Une croissance constante dans les années 1990

Continuant sa politique de diversification, Rousson & Chamoux se développe aussi à la fin de l’année 1990 dans la fabrication des moyeux spéciaux pour le V.T.T. Il s’agit des moyeux « Exter » dont la marque est déposée. En ce qui concerne les moyens de production, les principaux outils sont :
  • Tours à commande numérique (fabrication des pièces de tournage)
  • Machines à tailler (fabrication des dentures de pignon, chaînes)
  • Presses de formage à froid
  • Matériels de traitement de surface (zingage, nickelage) et d’assemblage divers par soudage

Moyeux et autres produits de la marque R.F.G

La modernisation des années 1990 est possible grâce à un plan d’investissement financé par l’A.N.V.A.R. (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche). Trois secteurs d’activités bien spécifiques ont fait la force de l’entreprise :
  • Fabrication de pièces détachées pour les cycles et les cyclomoteurs à 25% de l’activité en 1991
  • Réalisation des moyeux spéciaux pour fauteuils roulants et sulkys à 25% de l’activité en 1991
  • Façonnage de pièces de mécanique en sous-traitance (pignons de transmission par chaine) à 50% de l’activité en 1991
En 1998, plus aucun membre des familles Rousson ni Chamoux ne fait partie des administrateurs de la Société. Elle passe d’un effectif de 101 personnes en 1995 à 96 personnes en 1998.

Le déclin

Au fil des décennies, les locaux apparaissent inadaptés, l’activité décline progressivement et l'entreprise change de mains avec sa reprise par Didier Jouve en 2001. Ce dernier rachète Rousson & Chamoux alors qu’il dirige UNV Industrie (créé en 1964). Ayant comme finalité la création d’un pôle de compétences mécaniques apte à répondre aux besoins nationaux et internationaux : il décide la fusion des 2 entités en 2005 afin de créer l’entreprise actuelle DJ Meca. Elle est installée depuis septembre 2014 dans la zone artisanale « Les Places » à Civens.
Pour ce qui est des anciens locaux foréziens de Rousson & Chamoux, ils se sont vite dégradés (occupations illégales et incendie en 2019). De septembre à décembre 2021, ce sont les pelleteuses qui prennent possession des lieux pour raser les 8 000 m² de friches. Au préalable, il y a une opération de désamiantage. Les gravats sont ensuite triés sur place (ferrailles, bois et bétons) pour être recyclés dans différentes filières afin de laisser un sol nu. Quant au sous-sol, il a été dépollué avant d'envisager d’édifier de nouveaux bâtiments. Pour l’instant, aucun plan sur le devenir de ce terrain n’est clairement défini.

Anciens ateliers de l’usine Rousson Chamoux en 2021

Démolition de l’ancienne usine

Vue aérienne du site Rousson Chamoux en second plan